La médiathèque André Chamson inaugurée
L’inauguration officielle de la médiathèque André Chamson a été partagée ce 4 septembre 2020 par les personnalités de la région et les acteurs de la réalisation du nouveau lieu de culture qui porte désormais le nom de l’écrivain qui incarne ses origines revendiquées de Cévenol autant que Camarguais. La nouvelle médiathèque intercommunale, tête du réseau des trois médiathèques communautaires – Aigues-Mortes, Le Grau-du-Roi, Saint-Laurent d’Aigouze – devient un phare, véritable lieu de vie dédié à la connaissance, à la transmission et à la rencontre. Des thèmes retenus par les architectes Emmanuel Nebout, de Montpellier, en coopération avec Ludovic Fontaine et Guillaume Houny, architectes aigues-mortais qui ont revisité le code des remparts voisins, à travers la longue façade en pierre, percée de nombreuses fenêtres étroites qui distillent une lumière apaisée, propice à la lecture.
« Mon humanité la plus simple, la plus repliée sur elle-même, se réalise ici dans ce mot », déclarait André Chamson. Ce mot c’est « résister » qui a guidé la carrière de celui dont le nom est désormais associé à la médiathèque intercommunale de Terre de Camargue située à Aigues-Mortes.
« À 12 ans, mon grand-père m’a appris à monter à cheval. Un jour on est parti en balade du bac du sauvage et nous étions accablés de fatigue. En voyant la Tour de Constance, il s’est redressé sur sa monture et s’est mis à chanter « La Coupo Santo », se souvient sa petite-fille Catherine Velle, devenue romancière.
C’est dans cette fortification que fut emprisonné au XVIIIe siècle des protestantes dont Marie Durand à qui on attribue la gravure « résister » sur la margelle du puits de la tour (register en latin). Elle y resta enfermée 38 ans avant d’être libérée. André Chamson publiera même un roman intitulé « La Tour de Constance » paru en 1970. La référence au mot « résister » se retrouve dans son discours de 1935 lors de l’Assemblée du désert des protestants « où de manière prémonitoire il sentait la montée des périls », confie Micheline Cellier, biographe de l’intellectuel gardois et maître de conférence, également présente à cette inauguration. Ce texte symbolique trône désormais sur la vitrine de l’équipement culturel camarguais. L’historien deviendra lui-même résistant en s’engageant dans l’armée du général de Lattre de Tassigny en 1939.
« Il faut que les enfants aient un rapport aux livres et pas qu’à l’écran, il faut les réconcilier avec ce support », précise l’architecte montpelliérain, Emmanuel Nebout. Comme un avertissement donné à la jeune génération parfois plus intéressée par les réseaux sociaux que par un bouquin : « résiste, prouve que la culture existe », si on associe André Chamson à la chanteuse France Gall.