Chères amies et adhérentes, chers amis et adhérents
L’année 2023 a été marquée par une double et douloureuse perte : celle de Louis Velle disparu le 2 février et celle de la présidente de notre association, Frédérique Hébrard, le 7 septembre, qui n’aura été séparée que quelques mois de son éternel fiancé.
Frédérique a donc rejoint ses parents, André Chamson et Lucie Mazauric, disparus tous les deux en 1983. Et cette année 2023, commémoration du 40ème anniversaire de leur disparition, sera aussi celle du décès de leur fille.
Frédérique Hébrard avait passionnément suivi toutes les manifestations mises en place à l’occasion de cet anniversaire et elle s’en réjouissait. Elle avait applaudi à l’exposition « André Chamson (1900-1983) – Itinéraire d’un enfant du siècle » qui, de Villeneuve-lès-Avignon au Vigan, en passant par Nîmes, le musée du Désert à Mialet et le château d’Espeyran à Saint-Gilles, a sillonné la région gardoise. Nous avions sa confiance heureuse pour toutes les conférences et projections qui ont été menées. Elle sera toujours auprès de nous et de notre Bureau et nul doute qu’elle se réjouira aussi de nos futures propositions pour maintenir et faire valoir l’œuvre de son père, pour les années à venir.
Que 2024 soit une belle année ! Et comme notre présidente n’est plus là pour présenter ses vœux, laissons la parole à André Chamson qui, dans l’hebdomadaire Vendredi, le 31 décembre 1937, avait formulé les siens. Ils ont une portée universelle.
Le Bureau de l’Association André Chamson
« Espoir de Minuit
Ce n’est pas la nuit de Noël, mais la longue veille du dernier jour de l’année qui a le plus fortement marqué mon enfance. […]
Chez ma grand’mère, je n’allais jamais me coucher avant d’avoir accueilli l’an nouveau. J’attendais minuit. J’attendais cette seconde qui allait marquer le début d’un nouvel espace du temps, d’une nouvelle mesure des événements et de ma vie. Comment résister à l’espoir ? Comment résister à la certitude de voir brusquement ce qui n’était que des désirs ou que des rêves devenir lentement la réalité, par une métamorphose sans miracle, sous la grande pesée de ce renouvellement de l’an neuf ?
Ainsi, adolescent, libéré de l’enfantine croyance aux légendes, je cédais à une crédulité presque aussi enfantine, pendant ces longues veilles du bout de l’an. Mais si l’adolescent s’était libéré sans effort du miracle de Noël, je vois que l’homme mûr n’arrive pas à se libérer du miracle de la nouvelle année. Tous ces vœux échangés et tous ces vœux qui se forment au fond de nous, plus pressants encore à cause du secret, ne sont que le signe d’une irrationnelle espérance. […]
Cette année encore, je ne veux pas me refuser à cet espoir. Il est pour moi comme la poésie de notre volonté. Pendant quelques minutes, dans cette dernière nuit de l’année, il illuminera pour nous tout ce que nous attendons des autres hommes et ce que nous voudrions pouvoir faire pour eux.
Formuler ces vœux de la dernière heure de l’année, c’est déjà les soumettre aux incertitudes du langage, c’est déjà les faire participer aux faiblesses de nos actions, aux timidités, aux ruses de notre nature. Mais les écouter dans le silence, sans mêler notre voix à la leur, c’est permettre à ce que nous avons de meilleur en nous de se faire entendre.
Je ne vous souhaite pas autre chose que ce grand silence de la longue veille avec son cortège de miracles. »
Vendredi, 31 décembre 1937