L’Aigoual
Éditions Émile Paul, 1930
Récit
Ce texte, très court et de type autobiographique, est une sorte d’hymne à l’Aigoual que Chamson situe au cœur de sa vie, de sa géographie personnelle et de son œuvre cévenole. Il raconte ses exaltantes courses en montagne, seul ou accompagné de ses camarades, jusqu’aux sommets où le ciel lui révèle « son immensité et sa puissance », « devant la terre ronde et le ciel en couvercle », avec le vent chantant à ses oreilles « comme une charge épique ». Évoquant ses beautés et ses tempêtes, il célèbre la montagne qu’il a aimée et arpentée dans sa jeunesse et qui ne cessera ensuite d’être le principe d’orientation de sa vie et de son œuvre.
À propos de …
Quand Jean-Louis Vaudoyer demande à Chamson d’écrire un texte sur l’Aigoual pour la collection « Portrait de la France », celui-ci a déjà écrit trois récits ancrés dans la région cévenole (Roux le Bandit, Les Hommes de la route, Le Crime des Justes). Mais il modifiait un peu les noms des lieux avec « cette pudeur que l’on ne donne qu’aux choses trop aimées ». Dans L’Aigoual, il nomme enfin avec précision son pays, (la Luzette, le Cap de Coste, l’Espérou, le mas Méjean…) ; il cite tous les chemins d’accès et les étapes de ses ascensions. Même si la mémoire très spatiale de Chamson s’est agrandie progressivement par cercles concentriques correspondant aux différentes périodes de sa vie, elle reviendra, tout au long de sa production, avec insistance sur ces zones denses. « Prenez un compas, disait-il, mettez la pointe sèche sur l’Aigoual, tracez un cercle d’une dizaine de kilomètres de rayon et vous aurez toute l’aire géographique de mon œuvre proprement cévenole. » Chamson ne cessera de dire ensuite son attachement passionné à la Cévenne des Cévennes.
Cet ouvrage, écrit pendant les vacances de Pâques, dans une maison forestière de la Sereyrède, lui permet de retrouver ses sensations d’enfance et ouvre la porte aux souvenirs qui seront déclinés cinq ans plus tard dans Les Quatre éléments. L’Aigoual a été apprécié par la critique, le public et les écrivains, dont André Gide.
Chamson par …
Chamson : « Enfant, j’ai trouvé dans cette montagne, dans ce haut massif de l’Aigoual, ce que d’autres enfants demandent aux récits d’aventures, aux histoires guerrières : la présence d’un monde héroïque et fabuleux et cette première justification de la vie qui, pour les hommes ou pour les peuples, ne peut être faite que par la légende. » (début de L’Aigoual)
« J’ai passionnément aimé la montagne. C’est elle, d’abord, qui m’a fait sentir les beautés de la nature. Elle a été la toile de fond de ma vie. Elle a même été pour moi comme le fondement naturel de toute une morale. J’ai vécu dans la mystique de ses mouvements ascendants qui convergent vers les sommets. […] De tous les sentiments que je porte en moi, c’est, sans doute, le plus primitif et je baigne, par lui, dans un univers qui n’a pas encore d’Histoire. » (Devenir ce qu’on est)
Éditions
Paris : Grasset, 1935 (avec Les Quatre éléments).
Montpellier : Espace sud éditions, 1986.
Repris in Le Livre des Cévennes, Paris : Omnibus, 2001.
Dernière édition, Montpellier : Fata Morgana, 2017, illustrations de Vincent Bioulès.