L’Année des Vaincus
Grasset, 1934
Roman
À propos de …
Dans cette période de l’entre-deux-guerres, Chamson, qui gravite dans l’entourage d’Édouard Daladier, pressent l’inévitable. Dans ce livre, en quelque sorte « prophétique », il montre que « la fatalité des idéologies » va « séparer les hommes les uns des autres », chacun décidant de choisir son camp. L’idéal pacifiste se dégrade : c’est l’année des vaincus, 1933. « Quelle sale année. Les Allemands deviennent fous, le monde entier tombe à la misère. […] Si dans quelque temps, il arrive une catastrophe, on pourra dire qu’on connaît sa date de naissance », fait-il dire à Carrière. Le livre finit, cependant, sur une conclusion optimiste que Chamson a toujours ratifiée : « On ne tuera jamais le dernier homme ».
Chamson écrit très vite ce roman et attend avant de le publier car il croit encore le pacifisme possible mais l’hitlérisme qui progresse justifie son pressentiment. Le livre paraîtra d’abord d’août à novembre 1934 dans la revue NRF, puis chez Grasset. Il est accueilli chaleureusement par la presse nationale et régionale, chacun y reconnaissant le ton des Hommes de la route. Il est immédiatement traduit à l’étranger et paraît en feuilleton dans le Wiener Tag, journal autrichien, tous les Européens se sentant concernés par le problème. Chamson, avec le recul des années, a émis une opinion un peu nuancée sur ce livre dont il disait apprécier particulièrement le récit du voyage et la conclusion.
Chamson par …
Roger Martin du Gard, 24 janvier 1935 :
« Je ne m’étonne plus que votre livre ait été accueilli avec cette unanimité élogieuse. C’est un grand bouquin. J’y retrouve le meilleur de vos meilleurs dons, ceux dont nous avons eu la révélation dans Les Hommes de la Route, auxquelles cette Année des Vaincus s’apparente, selon moi, plus qu’aucun de vos derniers livres. Le sujet est des plus beaux, des plus grands ; et celui qui l’a trouvé a déjà donné sa mesure, avant même de s’être pris de lutte avec les difficultés de la réalisation. Ces difficultés, vous les abordez de front. Vous n’avez pas escamoté les scènes les plus difficiles. Pour moi, la partie que je préfère est celle du voyage et le début de la IIIe, la magnifique scène d’explication entre Carrière, Martin etc. – qui est le point culminant du livre, celui qui lui donne vraiment toute sa portée. »
Éditions
NRF, nos 252.253.254 du 1er août, 1er septembre, 1er octobre et 1er novembre 1934.
Repris in Les Livres de la guerre, Paris : Omnibus, 2005.
Éditions en langue étrangère
Rok Premozenych, traduit par Josef Heyduk, Praha : Sfinx, Bohumil, Jonda, 1935.
God Pobezdennyh, traduit par E.O. Sorokina, Moskua : Goslitizdat, 1936.
De besegrades ar, traduit par Axel Claeson, Stockholm : Bonnier, 1936.