La Galère
NRF, Gallimard, 1939
Roman
À propos de …
Dans ce roman, Chamson raconte avec une extrême précision et dans une vision polyphonique, les émeutes de la nuit du 6 février 1934, des deux journées qui suivent et de la manifestation du 12 février qui firent une douzaine de victimes. Il les a vécues en direct à partir du clan Daladier, comme chef-adjoint de cabinet au ministère des affaires étrangères, ce qui fait de cet ouvrage un témoignage de première main qui intéresse beaucoup les historiens de la période.
Jean Rabaud est le double de l’écrivain (cévenol, études à la Sorbonne, amour de la montagne, voyage au Tyrol – dont Chamson justement revenait), à cette différence près que Rabaud va basculer dans la lutte antifasciste à l’occasion de ces événements reproduisant ainsi de façon très ramassée l’engagement des intellectuels, alors que Chamson est impliqué depuis longtemps. Cependant, ce sont bien ces émeutes qui l’ont persuadé de co-fonder avec Jean Guéhenno et Andrée Viollis l’hebdomadaire Vendredi pour défendre la République contre les manipulations de la presse et l’idéologie fasciste. À partir de cette date, Chamson infléchit ses réflexions sur l’histoire et n’oppose plus comme il le faisait dans L’Homme contre l’histoire, les événements passagers de l’Histoire à la permanence de la vie rurale ; il cherche désormais l’essence immuable de la vie chez l’homme contraint, par dignité humaine et respect des valeurs, de vivre dans le Temps : « Ce que l’homme a de meilleur ne peut pas échapper aux événements » écrit-il dans La Galère.
Chamson ne publie qu’en 1939 ce livre commencé depuis longtemps. Il le fait paraitre en feuilleton dans la revue NRF, avant de le publier début 1939, dans la collection NRF de Gallimard. Le succès est au rendez-vous, même si le roman est critiqué par la droite, de façon très attendue et même s’il a regretté, a posteriori, de ne pas avoir employé un ton plus accusateur, celui qu’il adoptera pour Le Puits des miracles.
Chamson par …
Romain Rolland, lettre du 6 mars 1939 : « Vous avez créé là une œuvre nécessaire et qui restera. J’en suis certain. Vous avez su saisir le vrai sujet, le plus tragique, le plus essentiel de notre France aux deux têtes, sœurs ennemies, qui s’est révélée à moi, aux temps de l’Affaire Dreyfus. Montrer la sincérité ardente et aveuglée des milliers de braves gens dans les deux camps, l’inextricable amalgame de raison et de déraison qui les possèdent, on ne peut rien faire de plus juste, de plus humain et de plus impérieusement nécessaire, au moment présent »
Henri de Montherlant, lettre du 12 juin 1939 : « Votre livre semble une de ces coupes que font les bombardements dans les maisons : chaque étage livre son secret. Il est extrêmement fort par ce qu’il dit et par ce qu’il suggère. Que le 6 février soit ou non un événement futile, il continuera d’avoir une existence par un livre comme le vôtre. »
Roger Martin du Gard, 23 janvier 1940 : « Livre étonnant, touffu, bouleversant »
Voir l’article de Gilles Vergnon, « Le 6 février 1934 dans La Galère d’André Chamson ; une parabole antifasciste », Revue Aden, n°15, 2016, p. 12 à 27.
Consultable à partir du lien https://www.cairn.info/revue-aden-2016-1-page-12.htm
Éditions
Édition originale, Paris : NRF, Gallimard, 1939.
16e édition, Corbeil, Paris : Gallimard, 1939.