Suite pathétique
« Toute œuvre romanesque comporte, nécessairement, des éléments pathétiques mais ce pathétique est vague et diffus, alors qu’en me servant de ce mot, j’ai voulu désigner, dans sa qualité particulière, l’émotion que suscite en nous le spectacle d’une existence hors série et comme vouée au malheur, d’une vie qui se défait sans cesser d’être vivante. Rien n’est plus pathétique, pour moi, que le destin d’une créature humaine entrainée par une ces fatalités singulières qui sont un mélange d’ascèse et de déchéance, d’élévation et d’anéantissement. Ce sont des fatalités créatrices de morts vivants et d’âmes mortes, qui font de la vie le contraire de ce qu’on appelle en Provence, « la vido vidante », la vie vivante, la vie de la plénitude.
C’est cette tonalité qui unit entre eux les trois romans que l’on trouvera dans ce volume. Je les ai écrits à plusieurs années de distance, en 48, en 56, en 64, alors que j’avais dépassé la quarantaine, – ce ne sont pas des livres que peut écrire un homme très jeune, – comme nous sortions de cette expérience majeure que fut pour les gens de mon âge la seconde guerre, avec la défaite, la servitude et la résistance. Chaque fois, sans le vouloir, sans même m’en rendre compte sur le moment, j’ai retrouvé le même thème fondamental, le même pathétique du pathétique, celui d’une vie qui se désagrège, prise aux pièges de ses fatalités intérieures, livrée sans recours aux démons de sa propre nuit. »
André Chamson, préface de Suite pathétique, Plon, 1969.
« Toute œuvre romanesque comporte, nécessairement, des éléments pathétiques mais ce pathétique est vague et diffus, alors qu’en me servant de ce mot, j’ai voulu désigner, dans sa qualité particulière, l’émotion que suscite en nous le spectacle d’une existence hors série et comme vouée au malheur, d’une vie qui se défait sans cesser d’être vivante. Rien n’est plus pathétique, pour moi, que le destin d’une créature humaine entrainée par une ces fatalités singulières qui sont un mélange d’ascèse et de déchéance, d’élévation et d’anéantissement. Ce sont des fatalités créatrices de morts vivants et d’âmes mortes, qui font de la vie le contraire de ce qu’on appelle en Provence, « la vido vidante », la vie vivante, la vie de la plénitude.
C’est cette tonalité qui unit entre eux les trois romans que l’on trouvera dans ce volume. Je les ai écrits à plusieurs années de distance, en 48, en 56, en 64, alors que j’avais dépassé la quarantaine, – ce ne sont pas des livres que peut écrire un homme très jeune, – comme nous sortions de cette expérience majeure que fut pour les gens de mon âge la seconde guerre, avec la défaite, la servitude et la résistance. Chaque fois, sans le vouloir, sans même m’en rendre compte sur le moment, j’ai retrouvé le même thème fondamental, le même pathétique du pathétique, celui d’une vie qui se désagrège, prise aux pièges de ses fatalités intérieures, livrée sans recours aux démons de sa propre nuit. »
André Chamson, préface de Suite pathétique, Plon, 1969.
« Toute œuvre romanesque comporte, nécessairement, des éléments pathétiques mais ce pathétique est vague et diffus, alors qu’en me servant de ce mot, j’ai voulu désigner, dans sa qualité particulière, l’émotion que suscite en nous le spectacle d’une existence hors série et comme vouée au malheur, d’une vie qui se défait sans cesser d’être vivante. Rien n’est plus pathétique, pour moi, que le destin d’une créature humaine entrainée par une ces fatalités singulières qui sont un mélange d’ascèse et de déchéance, d’élévation et d’anéantissement. Ce sont des fatalités créatrices de morts vivants et d’âmes mortes, qui font de la vie le contraire de ce qu’on appelle en Provence, « la vido vidante », la vie vivante, la vie de la plénitude.
C’est cette tonalité qui unit entre eux les trois romans que l’on trouvera dans ce volume. Je les ai écrits à plusieurs années de distance, en 48, en 56, en 64, alors que j’avais dépassé la quarantaine, – ce ne sont pas des livres que peut écrire un homme très jeune, – comme nous sortions de cette expérience majeure que fut pour les gens de mon âge la seconde guerre, avec la défaite, la servitude et la résistance. Chaque fois, sans le vouloir, sans même m’en rendre compte sur le moment, j’ai retrouvé le même thème fondamental, le même pathétique du pathétique, celui d’une vie qui se désagrège, prise aux pièges de ses fatalités intérieures, livrée sans recours aux démons de sa propre nuit. »
André Chamson, préface de Suite pathétique, Plon, 1969.
L’Homme qui marchait devant moi
Gallimard, 1948
Adeline Vénician
Grasset, 1956
Comme une pierre qui tombe
Gallimard, 1964